Article mis à jour le 09.12.2024
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Accueillie chez Marie-Pierre, j'ai compris tous les efforts qu'elle faisait pour faire un bon miel et surtout pour respecter ses abeilles. Avec mon compagnon, nous avons eu l'impression d'ouvrir les yeux. C'est sûr, nous n'achèterons plus jamais du miel comme avant.
Un peu comme le vin, le goût des “miellées” de Marie-Pierre dépend de l’année de production. Car dans les productions artisanales (250 ruches c’est peu en fait), les miels sont différents d’une récolte à une autre...
En plus du label bio, Marie-Pierre a décidé d’aller plus loin avec le label Bio Cohérence . Ce dernier impose des règles supplémentaires de qualité et de respect de l’abeille et de ses produits. Par exemple, en intensif on chauffe le miel pour “décristalliser”, le fluidifier et mettre en pot plus vite. Seulement au-delà de 40°C ça dénature beaucoup le miel. Avec le label bio cohérence, Marie-Pierre doit démontrer qu'elle ne chauffe pas son miel au-delà de cette température. Mais pas de risque, car Marie-Pierre ne chauffe pas à plus de 30°C et seulement si c’est nécessaire . Ça prend plus de temps à transvaser et mettre en pot, mais on garde toutes les qualités du miel cru .
En bio, Marie-Pierre doit s’assurer que ses abeilles puissent survivre et produire le plus naturellement possible en ayant suffisamment d’eau, de pollen et de nectar . Pas comme dans les élevages intensifs ou on donne du sirop de glucose en continu aux abeilles.
Dans les périodes difficiles pour les essaims (comme un printemps froid et pluvieux), plusieurs manipulations sont possibles. On limite les visites par temps froid pour ne pas les affaiblir davantage . Aider une ruche faiblarde en lui donnant un cadre de couvain et un cadre de miel d’une ruche voisine très costaude. Ou très ponctuellement leur apporter un peu de miel (quantité limité par le cahier des charges) pour tenir bon et leur redonner du courage en attendant une amélioration du climat.
Et bien sûr, pas question de récolter ! On laisse toujours le miel aux abeilles pour leur développement et leur survie, au détriment de la récolte, jamais au détriment de la colonie .
Marie-Pierre a repris les ruchers d’un ancien apiculteur. Les ruches et les colonies sont donc ancrées et adaptées à leur territoire depuis plusieurs décennies . Elle sélectionne et multiplie chaque année ses colonies en sélectionnant ses meilleures ruches. Elle peut ainsi s’assurer de la traçabilité, elle connait leur caractère, leur historique qui est écrit sur le toit de chaque ruche. Pas question d’acheter telle race, ou tel hybride venant d’ailleurs pour des histoires de productivité à tout prix. Ses abeilles sont le fruit d’une diversité locale (les faux-bourdons peuvent faire jusqu’à 15km en période de fécondation!) et d’une sélection attentive pour assurer la pérennité des ruchers .
Chaque apiculteur.ice a son propre code couleur ! Les ruches de Marie-Pierre sont jaunes et bleues. Celles d’un collègue roses et violettes. On sait tout de suite à qui appartient le rucher de loin. En agriculture biologique le corps des ruches et des ruchettes doit être en bois. Le plastique est interdit sauf pour les accessoires. Pour les peintures, des peintures à l’eau et aux pigments naturels pour protéger les abeilles , le fruit de leur travail et leur gardienne.
On pratique la transhumance en apiculture pour que les abeilles butinent différentes variétés de fleurs et aussi pour leur bonne santé. Les très gros producteurs font faire des milliers de kilomètres aux abeilles pour aller sur des fleurs spécifiques.
Marie-Pierre, elle fait le choix de ruchers sédentaires et de quelques petites transhumances, à quelques km de chez elle chez des agriculteurs en bio , dans des prairies permanentes ou en forêt.
Pour assurer la bonne santé des ruches en bio , il est important d’avoir une cire de bonne qualité . Marie-Pierre récolte la cire d’opercule de ses cadres en même temps que son miel pour en faire des pains de cire. Ensuite, elle les envoie chez un collègue en bio qui possède une machine pour transformer les pains de cire en nouvelle plaque gaufrée pour garnir les quelques 1500 cadres. On rend alors aux abeilles le fruit de leur dur labeur. Pour les cires plus anciennes, on les écarte des ruches et on les réutilise pour faire des bougies ou encore des emballages réutilisables à la cire d’abeille (les fameux beewraps) !
Je pratique une petite transhumance, la production reste volontairement artisanale, donc les miellées comme les miels sont différents d’une récolte à une autre, d’une année sur l’autre. Je vous propose de venir partager cette passion avec moi, d'en apprendre plus sur le monde de l'abeille, de l'apiculture pro, au fil de la saison et de m'aider.
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