Article mis à jour le 09.01.2025

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Conférence "Vivre autrement : alternatives rurales et pratiques de subsistance"

Pour le sociologue Jean Autard les modes de vies alternatifs interrogent : ne faut-il pas penser la crise autrement que sur un registre de privation et d'austérité ? Et si la solution était simple finalement ?


" Je venais de séjourner avec des personnes qui pratiquaient une agriculture de substance (pour se nourrir) lorsque j'ai entendu à la radio un reportage sur des familles touchées par l'inflation, dont les deux parents travaillaient . J'avais quitté un maraîcher bio qui vivait de sa propre production et avec de tout petits revenus (330 EUR/mois - il refusait les aides de l'état), et cette information me m'était face à ce contraste un peu flagrant . Entre la souffrance sociale engendrée par l'inflation et une baisse assez faible du pouvoir d'achat (autour de 5%) - que je ne veux pas du tout minorer - et le fait que dans d'autres contextes, avec d'autres structuration collectives, des personnes avec des revenus beaucoup plus faibles et un mode de vie accepté, même choisi, semblaient vivre heureuses . Je n'avais pas vu de de sobriété ascétique, mais une ambiance joyeuse. Des vies basée sur sens de la récupération, du bricolage, du recyclage, et joyeuses.

Je ne veux pas dire que les formes de pauvreté qui peuvent exister dans nos sociétés seraient à minorer - les hausses des coûts ont été extrêmement difficiles pour beaucoup de familles - mais rappeler que la pauvreté (voir Serge Paugam sur ce sujet) est toujours un rapport social, pas une donnée objective . Elle relève plus de formes de dépendance ou de disqualification que de ce qui serait un niveau de vie objectif.

Ces modes de vies alternatif questionnent : ne faut il pas penser les choses différemment que celle des injonctions à la privation et à l'austérité (Thatcher mettait systématiquement ces termes dans ses discours) ? "

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À retenir

  • Les personnes qui vivent de leur production estiment avoir de belles vies et s'opposent à l'idée qu'il n'y aurait pas d'alternatives au mode de vie actuel.
  • Ces modes de vie alternatifs ne sont pas récents. Depuis l'antiquité, les moments d'urbanisation étatique se sont accompagnés de départ de population à la recherche de mode de vie plus libres, moins contrôlés, dans des régions de montagne.
  • Deux visions de l'écologie s'opposent. Celle d'un éco-moderniste qui conserve une croyance dans l'efficacité, dans la technique ; celle d'une écologie politique et sociale pour qui c'est en pourvoyant nous-même à nos propres besoins, que nous allons nous s'auto-limiter et provoquer un changement, qui passerait par d'autres modes de vie.
  • La logique d'auto-production fait vaciller les logiques d'injonction à l'austérité.

Jean Autard, chercheur en sociologie, partage les résultats d'un travail mené pendant son enquête doctorale grâce à 25 séjours en WWOOFing dans les Alpes de Hautes-Provence. Depuis, il a rejoint le conseil d'administration de l'association WWOOF France.

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