Raconter le début, puis raconter la fin. Et laisser l'imagination du lecteur combler ce qu'il s'est passé au milieu. Voici le résultat de l'atelier d'écriture réalisé après l'AG 2025.
Quand je suis arrivé , j'ai trouvé l'air de Raphaël plus sévère que sur les photos. Je me suis dit que la semaine allait être très longue : Il était grand et ultra sportif, je comprends que je vais morfler si j'essaye de suivre sa cadence. Son terrain est immense, avec beaucoup de dénivelé. Ses intonations sont très directives, j'ai du mal à dire autre chose que "oui d'accord j'ai compris."...
Quand je suis reparti , j'avais le le cœur lourd,
lourd que ce soit déjà fini,
lourd de le laisser seul,
lourd de le laisser avec des tensions que mes massages n'avait pas pu enlever complètement.
Mais je partais aussi léger.
Léger d'avoir tenu la cadence,
léger de savoir que j'allais revenir le voir chaque mois quelques jours,
léger d'avoir autant ri,
léger de ne pas avoir eu l'impression de travailler huit heures par jour volontairement, léger de m'être senti utile,
léger d'avoir trouvé un ami,
léger d'avoir perdu 4 kg.
Je la vois arriver. Elle semble jeune et mature,
Elle vient d'Allemagne parle un beau français.
Ihani porte des vêtements colorés.
Je me sens émue d'accueillir cette jeune femme de l'âge ou presque de certains de mes enfants.
Elle porte la joie, la maisonnée rayonne de rire.
Ouvrir notre lieu et sortir de ma tête tout ce qu'il y a à faire devient comme un blanc
total où je ne sais plus…
Écrire une liste est devenu nécessaire.
Voir ce qui est réalisable, donner des priorités avec d'autres.
J'ai évolué dans une structuration de l'intérieur vers l'extérieur, dans l'adaptabilité au moment présent, aux envies, aux possibilités de faire ensemble.
Après plus d'un mois Ihani est partie .
Pour nous et pour nos amis elle fait partie de la famille. C'est aussi ce qu'elle ressent et nous partage.
Un jour … alors que j'attends le bateau Ihani est là avec son compagnon... Et ses trois enfants ! Ils attendent d'embarquer. Leur destination est notre lieu..
.
C'est magique de la voir être devenue maman.
La ferme aux trolls
J'arrive par un froid glacial de mi-décembre à l'adresse indiquée de la micro ferme de John le britannique et de son épouse Sophie. J'ai choisi ce lieu parce que nous avons le même prénom. Cela crée une chaîne entre l'occupante à qui j'ai laissé ma maison et qui s'appelle Sophie, moi qui suis en voyage, et l'autre Sophie qui me reçoit ici.
Il n'y a pas vraiment de place pour garer ma voiture sur le bord de la route devant la maison. Alors j'attends qu'on me l'indique. L'entrée de la maison est pleine d'objets et de plantes diverses, me donnant une impression de désordre. Mon hôte m'accueille avec un thé sur une table très encombrée, et me parle avec un accent britannique tellement prononcé que je ne comprends pas grand chose au premier abord ! Je suis impatiente de visiter le lieu mais je me retrouve à écouter longuement mon hôte me raconter toutes sortes de choses. Je comprends qu'il est retraité que la mini-ferme regroupe l'âne, deux poneys, deux chats, deux chiens, un oiseau, quelques poules et un troupeau de moutons.
Noël approche, le temps du départ est arrivé .
Je nourris une dernière fois les poules, dispose des petits cubes de poison pour les rats dans les boîtes bleues, laisse couler l'eau pour stabiliser le niveau de la mare, je distribue deux tartines de pain à chacun des chiens, et me dirige vers la prairie, la grange puis des tables. Je caresse Shanna, rescapée de sa journée d'agonie, suite à cette nuit de grand froid, Terrible, sa fille à peine plus jeune qu'elle, Alfred, l'agneau noir noir qui tête le biberon avec frénésie, sa grand-mère de la même race, petite brebis à tête noire. J'essaye de retrouver la brebis blessée, la tiens sur mon sein, je salue l'homme bourru au cœur tendre et sa femme Sophie qui clopine chaque matin dans le corridor. Je pars le cœur plein de cette autre vie, vers d'autres aventures.
Lorsque je la vois la première fois , je la trouve discrète, légèrement timide. Après de nombreux échanges pour préparer son voyage outre-Atlantique, je la vois arriver en vrai. Rassurée de nous avoir trouvés sur le stand de la ferme dans le grand marché du centre-ville. Je l'accueille avec bienveillance, on la libère de son gros sac à dos porté depuis la gare. Son expérience commence par un grand bain dans le marché animé. Plus tard, l'arrivée à la ferme, calme dans son écrin de verdure et ses chants d'oiseaux, apaisera la voyageuse.
Nous nous quittons à la terrasse d'un petit café parisien . À vrai dire c'est son troisième départ de la ferme au cours de son année sabbatique passée en France. Cette fois, nous avons décidé de l'accompagner jusqu'à la capitale. Profitant de cette petite escapade. Au moment de se dire au-revoir, je vois plein d'espoir, de projets et d'assurance dans son regard.
Aujourd'hui, je me dis que nous ne nous sommes jamais quitté finalement. Car là-bas, dans la banlieue de New York, une ferme pédagogique a été créée.
Hugo arrive à la gare routière avec un grand sac à dos, un sourire et une belle énergie de contentement. Déjà. Il était heureux de son voyage et de la perspective de son premier WWOOFing. Il m'apparaît serein et habile en parole, curieux. Dès les premières heures, on l'aide à trouver sa place chez nous. C'est un parisien qui vit chez sa maman, étudie la philo et n'a pas trop l'habitude de travailler avec ses mains. Toutefois, il sait dessiner… Ses gestes sont posés, calme et précis, ses yeux souriants. Il nous exprime sa crainte de ne pas savoir faire "Je suis de la ville mais j'aime apprendre."
Trois semaines plus tard, Hugo repart . Nous l'aurions bien gardé davantage avec son grand sourire, qui s'accompagne d'une nouvelle force, celle de l'expérience d'un savoir-faire manuel. Il fait maintenant partie de l'équipe, à l'aise dans le quotidien de la ferme. Ses propositions ont été mise en œuvre et son absence sera remplie par les traces qu'il a laissées par-ci par-là. Un cadeau surprise nous attend : un dessin sur la porte de la caravane dans laquelle il a logé, et une magnifique page du livre d'or illustré, coloré personnalisé.
Et surtout, depuis son passage, Loulou qui vient régulièrement passer quelques jours chez nous en accueil social, dessine lui aussi maintenant avec un savoir-faire, celui de mettre du relief dans ses dessins.
Le Petit Pailler
Juin 2018, j'arrive en voiture avec mon chien, je suis intimidé et fier d'avoir franchi le pas . Je me rends chez Christian et Chantal. Leur ferme est située à côté de Montauban. Ce sont les maraîchers de mon AMAP depuis deux ans. Le jardin est grand, beige, marron noir, avec plein de plantes inconnues. Il y a des zones carrées, rondes, rectangulaires, des serres alignées. Le bâtiment de vie a un look revêtu de couleur beige à l'abri des arbres en forme qui donne de la fraîcheur en ce début d'été. Ça me change de mon 30 m² toulousain !
Je suis excité à l'idée de vivre ici cette expérience mûrement réfléchie. J'espère que je pourrai y arriver et que ce ne sera pas trop dur. Tiens, les voilà qui m'accueillent, souriants et visiblement ravis de me voir.
C'est mon dernier jour. Ma dernière distribution. Les AMAPIENS m'ont tous souhaité bon vent et m'ont chaleureusement remercié. Avant de quitter la ferme, je jette un œil aux planches : elles ont pris des couleurs. Les tomates ont bien rougi et grossi. Les aubergines sont palissées et les bandes désherbées. Je suis satisfait de les voir en forme. Booba couché dehors sur les planches, attend patiemment. J'ai dans mes bagages des vêtements donnés par mes hôtes, leur confiance et "une bonne dose d'humour". D'ailleurs c'est une expression qu'on m'a apprise là-bas, je repars de la ferme, plein d'espoir et de vie.
L'arrivée
Après avoir pris le train jusqu’à Quimper puis le bus BreizhGo, je suis arrivée le 15 Juillet 2024 à Kervihan sous un grand ciel bleu et un soleil rayonnant !
Cathy m’attendait garée sur le parking devant une boulangerie qui laissait flotter dans l’air un parfum beurré.
Sur la route, on discute d’un peu tout dans le désordre, c’est fluide, j e ressens une connexion forte comme si on se connaissait déjà . Peut-être le fait d’être bretonnes toutes les deux… Elle m’explique comment s’organisent ses journées, les personnes que je vais rencontrer («ses petites mains» comme elle les appelle : bénévoles et sa première stagiaire Éloane). Et déjà un peu de son histoire de famille , sa sœur qui sera présente le lendemain midi.
Puis on arrive dans un chemin qui nous amène aux Jardins du Verger. C’est beau ! C’est calme ! C’est vert ! C’est fleuri ! Je suis heureuse, et déjà remplie de gratitude d’être ici. Leur grand et beau chien Tao, un beauceron, vient m’accueillir à la sortie de la voiture.
Je suis Cathy dans « son petit coin de paradis » comme elle le nomme. Je rencontre alors son partenaire de vie Fred, et leurs enfants Marvin et Alice.
Premier repas ensemble, riche en échanges. Je me sens tout de suite intégrée au sein de cette famille de terrestres extras. Ça va être chouette…
Le départ
Je repars mais c’était la deuxième fois. Car j’ai eu la chance de vivre deux fois 2 semaines fabuleuses chez la MèreVeilleuse Cathy. Le 1er départ était joyeux car je savais que j’allais revenir 3 semaines après.
Ce 2e départ, un lundi 9 septembre, ciel pluvieux semblable à la météo de mes émotions. Pas envie de quitter cette terre bretonne, ce paradis de colibris vibrant d’énergies celtiques, d’amour, de douceur, de solidarité et abondant de Nature au quotidien.
Mais il faut savoir partir pour mieux revenir.
Alors je pars. Avec pléthores de beaux et bons souvenirs, de connaissances du MSV et d’une envie encore plus grande de continuer à découvrir et à mettre mes mains dans la TERRE pour en prendre soin.
Cathy me conduit et m’accompagne jusqu’à l’arrêt de bus de Kervihan.
Thomas le WWOOFeur qui me succède est là. On échange brièvement.
On se redit «c’était super et plus que ça. Merci pour tout, on se tient au courant de la suite, au revoir !», on échange une dernière bise, on est liquides toutes les deux, un dernier gros câlin . Mon bus BreizhGo arrive… Kenavo !
Les jardins du verger
Lire davantage
Une fois par saison, l'actualité du WWOOFing par email