Kevin est photographe, aventurier, réalisateur, monteur, permaculteur… et il fait le tour de France des énergies positives avec le Permacooltour. Il raconte la vie de château à Pergaud, l'éco-lieu où il est en WWOOF.
Sur les traces du Permacooltour !
"Vivre la vie de château à Pergaud... Depuis quelques semaines, l'histoire de cet éco-lieu souffle dans mes oreilles. Tout proche de la rivière Drôme et de la Réserve naturelle des Ramières, sur la commune d'Allex, un petit château pointe son nez à proximité de Crest et de son fameux donjon."
Construit à partir de 1837, le château a d’abord été une ferme-école. Touché par les bombardements durant la seconde guerre mondiale, la propriété est transférée à un médecin au milieu du XXe siècle. Il sera par la suite acheté par une famille qui fera de l’élevage de poulettes des années 60 à 90. Puis le Comité d’Hygiène Sociale en fait l’acquisition et entreprend des travaux importants pour créer un centre de cure de désintoxication. Plus récemment, en 2016 et sur décision du Préfet, le château devient un centre d’accueil et d’hébergement pour migrants.
En 2018, l’activité du centre s’arrête et le château est mis à la vente...
Quand un collectif se forme autour d'un belle opportunité...
Acheté pour environ 800 000€ il y un peu plus d'un an (laissez-moi vous dire que c'est une sacrée affaire pour la Drôme...), le Château Pergaud devient un collectif, un lieu vivant, un potentiel, une solidarité, des graines de conscience... le groupe s'engage autour de trois axes :
Son aspiration est d’œuvrer, en synergie avec le potentiel formidable du lieu, à l’émergence d’un mode de vivre-ensemble qui prend en compte une planète limitée et des besoins essentiels.
Quand on parle de besoin essentiel...
Au château, iels sont en train de cultiver en permaculture une surface d’environ 2500m². Ainsi sur le site, des pommiers, poiriers, figuiers, pruniers et quelques vignes ont été plantées. Un poulailler de 28 poules permet d’être autonomes en œufs, et l’installation d’autres animaux est envisagé.
Je rencontre NJ, la maraîchère du château.
Kevin :Tu peux me raconter ton parcours dans le maraîchage et avec wwoofrance ?
NJ : « Dès petite j’aimais le jardin. Mon père vivait à la campagne en Argentine. J'ai des souvenirs où je ramassais les oeufs, où j'allais voir les cochons et à jouer dans les tournesols. C’était une période très brève car il a vite vendu la ferme.
NJ : Plus tard, j’ai rencontré le père de mon fils qui voyageait au nord de l’Argentine. Il partait en wwoofing dans une ferme. Mon premier et seul wwoofing a donc duré huit mois. C’était un endroit magnifique avec une famille révolutionnaire et hors-du système. Ils produisaient tous ce qu’ielles consommaient, sauf le sel, l’huile etc. Les enfants n’allaient pas à l’école, ils faisaient plein d’activités, ce que j’ai adoré. L’idée était donc de venir en wwoofing et de faire le jardin pour les prochain·es qui arrivent. Après lui mois dans cette ferme, je suis venue travailler en France dans la restauration. Très vite, j'ai eu marre de voir les gens dehors tous les étés, je n’en pouvais plus. Au fond de moi, je voulais refaire du maraichage. J’ai été encouragée et je me suis inscrite dans une formation en maraichage bio pendant un an. Là j’ai pris conscience de la force de ce métier. Quand les gens ont commencé à venir nous voir pendant le premier confinement pour trouver à manger avec cette peur que si « ça pète », on sait où on peut se nourrir.
Kevin : C’est ce qui t’as donnée envie de faire du maraichage ?
NJ : Je ne vis pas avec l’urgence. S'il se passe quelque chose demain, ça ne m’inquiète pas trop. Car maintenant je sais faire pousser mes propres légumes, c’est vraie une liberté. Je me dis que je suis sur terre, la base c’est de savoir où je pose mes pieds, ce que je mange et ce qu’il me faut pour être en bonne santé. Ensuite je peux aller voir plus loin.
Kevin : Alors qu’est ce qui t’as amené à travailler en collectif ?
NJ : Depuis des années, je pensais vivre en collectif. Je me rends compte que la vie est plus agréable et simple quand on est à plusieurs. Aujourd’hui, j'ai l'impression qu’il y a un problème de solitude chez l’humain, c’est depuis qu’il n’y a plus de communauté. J’ai passé de grosse dépression à me demander ce que je voulais dans ma vie, ce que je faisais, qui j’étais et à quoi je servais… Dans une communauté, chaque personne a un rôle essentiel. Comme chez les indien·nes, il y a le médecin, le chasseur, les bâtisseurs, celles qui travaillent la terre, qui nous nourrissent, etc. C’est ça qui nous fait exister et nous sentir important·e comme un engrenage d’un écosystème. On travaille pour les autres.
Kevin : Et donc en plus de nourrir les gens, tu transmets maintenant ?
NJ : C’est la première fois que j’accueille des wwoofeur·euse·s. Au début, c’était une énorme pression pour moi. Je ne me sentais pas apte pour faire ça en arrivant au château, je commençais juste. Et en Octobre, un groupe de wwoofeur·euse·s est arrivé , iels étaient 7 et n’avaient jamais fait de jardin. Alors j’ai fait comme d’habitude, tout en sachant que je suis un vrai désastre en organisation. Comme tous les jours, je descends au jardin, je regarde ce que je dois faire et je fais confiance à tout ce qui arrive. Les wwoofeur·euse·s étaient en totale confiance envers moi et très curieux·ses d'apprendre. Nous avons passées trois mois, c’était à dire tout le confinement ensemble. Je me suis finalement rendu compte que je connaissais plein de choses. Le château Pergaud m’a donné cette confiance. C’est la première fois qu'un endroit me permet de m’exprimer comme je le souhaite. Le sens des buttes, de la serre, les graines, les légumes, etc. Et le tout, juste avec nos mains et des grelinettes ! Alors quand je vois le résultat dans le jardin, je me dis que ce n’est pas trop mal. C’est le rêve...
Kevin : Merci Angeles pour ton témoignage.
NJ : Merci à toi !
Merci Pergaud pour votre accueil, vos sourires et votre bienveillance. À très vite et tout de bon !
Soyons heureux·ses,
et vive les aventureux·ses !
À la joie.
Kevin, du Permacooltour
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