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Article mis à jour le 06.08.2024

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Hugo, dans le Tarn : "Repeupler le coin avec des copains"

En quelques jours chez Hugo dans le Tarn, j'ai découvert qu'une quinzaine de personnes s'étaient rapprochées de cette ferme isolée mais préservée. J'ai suivi le fil de ces énergies nouvelles.

"Se séparer de ce paradis préservé, d'eau, de terres et de bois ?! Quand ma famille a voulu vendre la ferme, j'ai eu un choc existentiel. " Hugo, avec ses chiennes Jaïa et Pippa, qui ont donné des petits à toutes les fermes alentours.

"Viens on va aux champignons !". En ce mois de juillet, des cèpes superbes ont poussé dans le sous-bois. J'y vais à grands pas, trop heureuse de suivre Hugo dans la fraîcheur de cette forêt où il passé une partie de son enfance . Cueillette, pêche... des étés de bonheur passés à courir dehors à la ferme de ses grands-parents. Mais le temps passe, la ferme se vide.
"Quand la famille a voulu vendre la ferme, j'ai eu un choc existentiel. Se séparer de ce paradis préservé, d'eau, de terres et de bois ?! Je ne pouvais pas l'imaginer. À ce moment là, j’étais c onducteur d’installation dans l'industrie du blé. Je bossais au milieu d'immenses silos. J'ai décidé de changer de vie."

"Mes parents n'étaient pas chauds du tout "toi, seul là-bas ? Sans diplôme agricole ?! "
Côté agricole , j'ai commencé par découvrir un peu chez Edwidge et Philippe, des amis de la ferme voisine, puis j'ai fait un parcours qualifiant. Côté solitude , j'ai aussi trouvé la solution là-bas. Car chez eux, je fais la connaissance de Maiu, tchèque d'origine vietnamienne . Je me suis demandé comment une personne qui vient de si loin pouvait atterrir dans un lieu si paumé ?! On m'explique le principe du WWOOFing "des gens qui viennent de partout pour partager un autre mode de vie, le tien, pour t'aider à la ferme et découvrir avec toi." Être isolé et en même temps en contact avec le monde entier qui vient sur ta ferme. Là je me suis dis que j'avais réglé la question de la solitude. "

C'est sa forêt magique, celle où il a déposé les cendres de son frère. Celle où il se connecte aux arbres, au vent, au vivant. C'est vrai qu'on s'y sent bien. Je ressens cette atmosphère méditative à ses côtés.
Le soir, Hugo nous préparera une énorme poêlée de cèpes qu'on mangera en omelette. Ça tombe bien cette belle récolte car c'est son anniversaire. Ce soir, on fêtera ses 37 ans.
"J'adore cuisiner. Je suis gourmand et ça me fait plaisir de faire plaisir aux autres. J'aime réunir des amis et de la famille autour d'une table et de les régaler."

On rentre avec un énorme panier de cèpes. Ce soir, on fête les 37 ans d'Hugo. Il adore cuisiner et nous régale avec une immense omelette. Anne et Daniel nous rejoignent, ils ont décidé de se détacher de la ville et de se rapprocher d'Hugo et de la ferme. Il y a maintenant une kiné et un architecte à côté de Lou Claus. En discutant, je réalise qu'une quinzaine de personnes ont fait de même, comme attirées par le magnétisme du coin. Je vais creuser ce phénomène :)

... Ceux qui reviennent pour développer de belles racines

En occitan, Lou Claus signifie "le clos". Dur d'imaginer un aussi grand écart avec la vie de ce lieu ouvert sur le monde. Amis, famille, bénévoles... Près de 200 personnes ont séjourné sur la ferme depuis qu'il lui a redonné vie il y a sept ans.
Parmi elles, certaines sont revenues et y développent de belles racines. Je rencontre Nino. Il a fait connaissance avec Hugo lors d'un WWOOFing chez lui il y a quelques années en arrière. Puis, il est revenu l'année suivante, puis celle d'après : " je me sentais vraiment bien sur ce territoire. Quand je rentrais je sentais qu'il y avait un truc qui me manquait. J'étais bien dans ce contact avec la nature. C'était un univers concret, déconnecté de cette ambiance capitaliste. " Les amis d'Hugo deviennent aussi les siens, et leur vision commune du monde tissent des liens forts entre eux. Assez pour que Nino décide de se lancer, "de passer de l'autre côté " et de rejoindre l'aventure Lou Claus aux côtés de Hugo .
Au moment où on se rencontre, il vient de terminer son BPREA (brevet professionnel responsable d'entreprise agricole). De WWOOFeur à ami, les liens se renforcent encore jusqu'à envisager de travailler ensemble. Les défis sont grands à relever : chacun devra trouver sa place et surtout trouver un point d'équilibre économique. Mais ce que j'observe me rassure : je vois deux personnalités ultra-complémentaires. Je sens qu'ils ont l'habitude de travailler ensemble à leur capacité de se comprendre en silence.

Au moment où j'arrive à Lou Claus chez Hugo, Nino vient de terminer son BPREA (brevet professionnel responsable d'entreprise agricole). De WWOOFeur à ami, les liens se renforcent encore jusqu'à envisager de travailler ensemble.
Les défis sont grands à relever : chacun devra trouver sa place et trouver un point d'équilibre économique.
Mais ce que j'observe me rassure : je vois deux personnalités ultra-complémentaires. Je sens qu'ils ont l'habitude de travailler ensemble à leur capacité à se comprendre en silence.
Petit coup de stress : une grosse commande à gérer et un marché à installer, tout ça dans le même week-end. Ils ne sont pas naïfs, ils savent que pour que leur projet fonctionne, il s'agira pour eux de ne pas se laisser dépasser et de préserver la taille humaine de leur activité.

Paysan-glacier : produire et transformer ses petits fruits

Au moment de s'installer, il y a 10 ans, Hugo a d'abord travaillé une parcelle en maraichage. Mais le terrain en pente et l'exposition ont fait changer ses plans. Il a préféré développer des cultures de petits fruits bio : fraises, myrtilles, framboises, cassis, groseilles. Aujourd'hui, une partie de sa production de petits fruits est commercialisée, et l'autre est transformée en sorbets qu'il vend sur commande et en vente directe au marché .
Facile d'être sûr de la qualité de ses produits lorsqu'on transforme ce que l'on cultive soi-même : "Pour nos sorbets, on privilégie toujours les variétés avec une bonne qualité gustative."

Au marché, Nino rédige la carte des sorbets bio et artisanaux de Lou Claus.
Menthe, framboise, fleur de sureau, fraise... Hugo sert les cornets des sorbets qu'il produit.
Hugo a d'abord travaillé une parcelle en maraichage. Mais le terrain en pente et l'exposition ont fait changer ses plans. Il a préféré développer des cultures de petits fruits bio : fraises, myrtilles, framboises, cassis, groseilles.
Une partie de sa production de petits fruits est commercialisée , et l'autre est transformée en sorbets qu'il vend sur commande et en vente directe au marché.
Facile d'être sûr de la qualité de ses produits lorsqu'on transforme ce que l'on cultive soi-même : "Pour les sorbets, je privilégie toujours les variétés avec une bonne qualité gustative."

L'autrice, WWOOFeuse et photographe : Cloé Harent

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Le soir, on refait le monde

Le soir, Hugo et Nino m'embarquent chez Raphaëlle et Édouard, des copains à eux qui retapent une vieille ferme . Il était chercheur en économie, il s'est reconverti en couvreur-zingueur.
Ça fait du bien de décompresser et de refaire le monde ensemble. Parmi les amis, il y Alan, 30 ans. À force de revenir dans un coin, on commence à s'attacher ! Il dit qu'il aime bouger. Il vadrouillera jusqu'à trouver son point de chute. Quand on lui demande, il dit que son coeur balance entre ici avec les amis, et la Bretagne, où il a sa famille.

Le soir, Hugo et Nino m'embarquent chez Raphaëlle et Édouard, des copains à eux qui retapent une vieille ferme. Il était chercheur en économie, il s'est reconverti en couvreur-zingueur. Ça fait du bien de décompresser et de refaire le monde ensemble. On se sent entourés.
Alan a 30 ans. À force de revenir dans le coin, on commence à s'attacher à lui. Il aime bouger. Il vadrouillera jusqu'à trouver son point de chute. Quand on lui demande, il dit que son coeur balance entre ici avec les amis, et la Bretagne , où il a sa famille.
Nino, Mathilde, Raphäelle et Alan lors d'une soirée pétanque au village. À côté, une amie prépare et vend des crêpes. Elle a troqué quelques cèpes avec Hugo pour ses recettes.

Un fournil communal sur la place du village

"Ça te dit de rencontrer encore une autre WWOOFeuse venue s'installer ici ?" Pour ça, il faudra se lever à 5h du matin . Hugo m'emmène au fournil communal, à la rencontre de Raphaëlle. Arrivée ici avant le Covid-19, elle est non seulement devenue sa meilleure amie, mais aussi une paysanne-boulangère qui cuit un pain bio au levain travaillé avec des variétés anciennes de blé.
Originaire de région parisienne, c'est à Lou Claus qu'elle a rencontré des paysans-boulangers pour la première fois. Puis l'idée ne l'a plus quittée. Elle pu se faire la main dans le four à pain des voisins d'Hugo pendant le confinement. Elle a passé un CAP-boulangerie, puis Hugo lui a présenté Michel, le maire du Rialet . Déterminé à faire vivre le village, il a tout fait pour développer un fournil communal qu'elle partage avec deux autres boulangères. Grâce à sa volonté, le village de 50 habitants compte aussi une auberge et une maraichère...
Au moment du lancement, sa jeune entreprise a résisté à l'inflation car elle se fournissait auprès de paysan tarnais qui n'exportent pas leur production, donc qui ne sont pas soumis aux variations du marché mondial . Aujourd'hui, elle commence à produire son propre blé ... À l'endroit même où, lors de son premier de WWOOFing, elle avait ramassé des pommes de terre avec Hugo.

Je rencontre Raphaëlle, la meilleure amie de Hugo. Ils se sont rencontrés quand elle est venue chez lui en WWOOFing. après avoir découvert le métier de paysan-boulanger, elle a passé un CAP et est revenue. D'abord avec un four à bois mobile, puis, depuis 2023, dans un fournil communal qu'elle partage avec une deux autres boulangères au village du Rialet.
Elle cuit un pain bio au levain travaillé avec des variétés anciennes de blé dans le fournil communal.
Hugo me montre une photo de la première fournée de Raphaëlle. Il est très heureux qu'elle ait réussi et qu'elle se soit installée.

"Seul on avance vite, ensemble on avance loin"

Les principales activités consistent à récolter et transformer les petits fruits en sirops, sorbets, et autres confitures. Il s'agit aussi d'entretenir les cultures et de participer aux marchés et festivals.


Au dessus de nos têtes, des milliers d'abeilles prêtes à essaimer, tout un symbole !

Équipés pour la cueillette, nous nous dirigeons vers les parcelles quand soudain, un bourdonnement nous rend silencieux . On lève le nez et on découvre un cadeau incroyable accroché à la branche d'un frêne : un essaim d'abeilles !
Incroyable ! Comment ne pas voir le lien avec ce qu'il est en train de se passer sur place ? Des jeunes qui viennent voir Lou Claus, font connaissance et sont charmés par l'endroit, ses habitants et son projet, et ne repartent plus. Je sens bien qu'ils apportent une énergie qui revitalise ce territoire. Il se passe quelque-chose de beau ici...

Sur le chemin, on entend un bourdonnement chaleureux . On lève la tête : accroché à la branche d'un frêne, on découvre un essaim d'abeilles ! Excitation générale ! Ça n'arrive pas souvent dans une vie.
Une magnifique grappe de milliers d’abeilles qui ont quitté la ruche mère. Gorgées de miel pour survivre quelques jours avant d’élire domicile quelque part. C'est vraiment une découverte réjouissante ! On arrête ce qu'on est en train de faire. On va proposer à l'essaim de s'installer durablement parmi nous.
Hugo a une combi d'apiculteur quelque-part. Il s'équipe. Nino courre chercher une ruche et détache la branche de frêne.
Maintenant, il faut faire couler l'essaim dans la ruche. Pour ça, la reine doit accepter d'y aller, les autres suivront.
Pas facile, il faut un peu de patience. Après trois tentatives, l'essaim prend possession de la ruche, c'est magnifique ! Joie collective.

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